Parce que la Cité de l’agri suscite intérêt et questionnements, voici un petit florilège de questions que l’on nous a souvent posées et de réponses qu’il nous semblait important d’apporter.

« La Cité de l’agriculture, c’est quoi ce nom de structure publique ? »

La Cité de l’agri est une association loi 1901, indépendante et apolitique.
A l’origine du nom, deux idées…

Il existe des cités de l’architecture, de la musique, des sciences et de l’industrie, de la cosmétique, des métiers etc. mais aucune « cité » dédiée à l’agriculture et à l’alimentation ! Il était temps de pallier le manque.

L’idée de réconcilier des termes a priori antinomiques nous plaisait. En réintroduisant la question agricole et alimentaire en ville, nous oeuvrons au quotidien au décloisonnement d’entités souvent considérées comme opposées, tant dans leur géographie que dans leurs fonctionnalités.

Mais du coup vous êtes un projet ou un méta-projet ? 

Ah la fameuse double casquette… C’est justement là que réside l’intérêt et la force de la Cité de l’agri ! C’est parce que nous portons des projets opérationnels qui nous confrontent aux difficultés financières, réglementaires, juridiques et politiques du porteu.r.se de projet que nous pouvons accompagner au mieux celles et ceux qui s’engagent. Notre action de plaidoyer est ancrée dans le réel, enrichie de l’expérience de terrain. Notre vision pour le territoire est ambitieuse mais de fait, concrète et réaliste, parce que nous vivons les difficultés quotidiennes des montages de projets : nos pratiques de terrain nous ancrent, en “pleine terre”, prêt.e.s à grandir. Grâce à elles, en effet, nous pouvons développer des théories et des modèles, accompagner des porteu.r.se.s de projet et conseiller les faiseu.se.r.s de ville. 
Ces deux aspects de la Cité de l’agriculture sont pour nous indissociables et sont les garants d’un projet ambitieux capable d’amorcer une transition écologique structurante et un passage à échelle de l’agriculture urbaine !

« Euh… Vous parlez d’agriculture et vous êtes en plein centre-ville ? »

Parce que 3,5 milliards de personnes y habitent, la ville est un terrain parfait pour aborder la question de la transformation des systèmes arrivés à bout de souffle.

3,5 milliards de personnes s’y nourrissent, 3,5 milliards de personnes y vivent.

La ville mange, elle grignote des aliments mais aussi des terres agricoles. C’est là que nous nous sommes implantés pour penser la ville de demain : une ville reconnectée à son alimentation et à ses agriculteurs.

« Ces sujets, c’est quand même des trucs de bobo, non ? »

Nous sommes arrivés à un point où la réinvention
du modèle agricole et alimentaire nous concerne tous.

Comment ne pas être en alerte devant ces chiffres ?

En dix ans, l’obésité a augmenté de 200% dans les Bouches-du-Rhône.
Le lien entre obésité et précarité socio-économique est aujourd’hui clairement établi.

Dans le quartier du Chapitre – Saint Charles (Marseille 1er), où nous sommes
implantés, 42% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Dans de récents ateliers menés à la Cité de l’agri, 65% des participants disposaient
d’un budget alimentaire inférieur à 3€/jour.

Sur 100€ de dépenses alimentaires, seuls 6,30€ reviennent à l’agriculture !

Comment mieux se nourrir avec peu ? L’agroécologie, l’agriculture en ville et la cuisine abordable sont désormais reconnues comme faisant partie des solutions.

« Pourquoi Marseille ? »

On dit de Marseille qu’elle est en retard et qu’elle ne veut pas changer. On dit qu’elle est ville cafie de problèmes et que ce n’est pas là qu’il faut monter un projet avec un peu d’envergure.

Mais justement…

La végétation urbaine régule le climat ambiant et réduit les îlots de chaleur. Or, Marseille est une zone urbaine marquée par une très inégale répartition de la végétation. Son centre-ville est très minéralisé : peu d’ombre, peu d’évapotranspiration, peu de captation d’eaux de pluie.

Mais Marseille est une ville qui présente la particularité de disposer de 200 hectares de terres ou de friches encore disponibles contrairement à d’autres villes françaises. Elle bénéficie d’atouts remarquables : un climat doux, un ensoleillement important, un réseau d’irrigation développé.

Dans les années 1950, la ville était autosuffisante d’un point de vue alimentaire : les vaches pâturaient à Sainte Marthe tandis que les salades poussaient à Château Gombert. Aujourd’hui Marseille n’alimente plus que 2% de sa population.

Marseille, que certains surnomment « capitale de la pauvreté » est aussi une ville aux écarts colossaux où les enjeux sociaux sont cruciaux : Marseille regorge de potentiel, laisse la possibilité de tout imaginer et a une véritable carte à jouer dans le champ de la transition du modèle de société.

Pour certains : c’est quand même dommage
d’avoir abandonné la réalisation de l’utopie !

L’idée de départ n’a pas été abandonnée, elle évolue avec nous. 

Nous sommes partis de rien. Pas d’argent en poche, des parcours administratifs, réglementaires et fiscaux peu adaptés à l’innovation, un contexte politique parfois mouvant : nous avons choisi d’assurer notre indépendance, de solidifier l’action, de tester la viabilité du modèle. Il a fallu confronter l’utopie au prisme de la réalité ! Pour mieux saisir cette évolution, allez jeter un oeil à notre parcours

Pour d’autres : « ouh » ces grands utopistes !

Nous avons une foi puissante en ce que nous entreprenons, c’est vrai. Nous mettons beaucoup de notre énergie pour tenter de faire changer les choses, à notre petit niveau. C’est un choix. Nous sommes convaincu.e.s qu’il faut une stratégie, des actions concrètes si on ne veut pas : faire exploser la planète ou vivre dans une société morose. Va-t-on y arriver ? Nous essayons, avec des outils concrets !

La Cité de l’agri, elle est financée,
elle n’a pas besoin d’aide !

La réponse est toute simple : nos actions exigent des financements que nous n’avons pas et que nous avons besoin d’aller chercher.

Malgré l’intérêt des différents acteurs du milieu et de nombreux projets en cours, comme toutes les structures émergentes, la Cité de l’agri doit asseoir son modèle économique. Nous tentons de nous approcher de l’auto-suffisance, certaines activités comme l’accompagnement et le conseil pouvant équilibrer les actions de sensibilisation (conférences, événements, ateliers) et les projets expérimentaux.
Toutefois, parce que les actions de la Cité remplissent des missions d’intérêt général, nous poursuivons la recherche de financements extérieurs. 

Le modèle économique se décline donc selon quatre axes : subventions publiques, levées de fonds privés, prestations, adhésions !   

Votre lieu en centre-ville, il a dû coûter très cher !
Comment avez-vous fait ?

C’est grâce à la Nef (banque solidaire) que les fondateurs de la Cité de l’agriculture ont pu acquérir les murs via un prêt bancaire. Ils ont cherché un investisseur pour la création de la cuisine puis une SARL a été montée pour ce qui relève exclusivement du restaurant.

Quels sont vos rapports avec les politiques ?

La Cité de l’agriculture est une structure ancrée territorialement et portée par une vision globale et fédératrice. Pour continuer à mener à bien sa mission, elle se veut a-partisane ! 

Notre mission prend place dans la ville, parfois dans l’espace public. Elle active des leviers qui nécessitent des décisions politiques. Les acteurs publics peuvent agir sur le foncier, tant sur des aspects de préservation des terres agricoles que de planification territoriale. Ils peuvent favoriser voire porter des infrastructures collectives de transformation ou de commercialisation. Ils peuvent être des acteurs incontournables de la restauration collective (grand levier pour l’approvisionnement local).

C’est pourquoi nous sommes amenés à nouer des liens et co-construire avec la puissance publique. C’est aussi ce qui nous permet, nous acteurs de terrain, d’obtenir de véritables impacts opérationnels.

La photo de couverture a été prise par Clotilde Penet pendant les 48h de l’agriculture urbaine 2019

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