Un Dimanche de novembre 2020

C’est un article comme un cocon. 
Des graines d’espoir, semées un dimanche froid de novembre.
Car tandis que l’hiver naissant glace les esprits et les corps, la directrice de la Cité de l’agriculture, Marion Schnorf, invite à ralentir, à prendre du recul et à faire bloc, ensemble.
Pour adapter notre rythme frémissant à celui du vivant. 

« La violence face au calme fait toujours plus de bruit,
sauf peut-être dans le silence éternel des espaces infinis »
Sophie Guerrive¹

De la violence

Ce nouveau confinement coïncide avec une conjoncture glacée comme certains soirs d’hiver. Une conjoncture dans laquelle l’Autre est une menace (sanitaire, religieuse, idéologique) et dans laquelle le contexte socio-politique se tend. Interdictions, suspicions, les écrits et les échanges illustrent ce qu’on ressentait déjà : une société fragmentée, dont la communication semble frappée par une disgrâce assumée.
Fragments ou fracture ?

Et tandis que les regards sont tournés sur ce qui se voit, ce qui ne se voit pas – ou se voit moins -, continue son chemin : la Politique Agricole Commune (qui dérègle autant le climat que les vies de celleux qui travaillent la terre et nous font manger) est re-signée pour sept ans, sans modifications sur ses modalités d’action et de financement.

L’hiver arrive et la période n’est ni moelleuse ni souple ; elle ne ressemble décidément pas à un sol vivant au printemps.

Au calme

Mais l’hiver offre aussi des journées lumineuses, au froid vif.

Beaucoup d’entre nous ne sont pas prêt.e.s à voir advenir une société recluse sur elle-même, claquemurée (physiquement et intellectuellement) dans sa zone de confort. A travers les graines et les âges, le vivant nous montre le chemin. Dans les mouvements, il trouve des solutions, il s’adapte. Et il y a des espoirs qui rappellent qu’après l’hiver, un horizon élargi rend possible renaissances et redéploiements.

Au cours de cette froide saison, à la manière des arbres, se donner l’opportunité du recul et du recentrage pour réfléchir et panser. Prendre un temps pour approfondir ce que ce mouvement social puissant et transformateur, en émergence depuis quelques années permet de déclencher. Il se dévoile peu à peu et illustre la possibilité de croire aux rébellions optimistes. S’offrir ce temps pour (ré)organiser ses forces, pour faire bloc.
Ce ne sera sûrement pas en l’affaire d’un cycle de saisons que le résultat sera visible, il faudra peut-être faire face à de nouvelles sensations de rétrogadage mais la nature est patiente et l’humain doit le redevenir.

Jusqu’aux espaces infinis

Alors réfléchissons, questionnons nous sur les liens qui nous régissent et ne nous trompons pas de combat. Soyons engagé.e.s, solidaires, inclusif.ve.s, sobres. Gardons notre esprit critique et notre capacité à analyser. Faisons nous confiance.

Et croyons à la résilience de l’humain.e, inclus dans une nature qui détient le pouvoir de sa propre subsistance.

 

Marion Schnorf
directrice

 

 

¹ Sophie Guerrive est une autrice de bande-dessinées. Elle est notamment à l’origine de la série Tulipe, publiée aux éditions 2024, recueil d’histoires courtes, dont les personnages animaliers méditent sur le sens de leur existence.

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