Comment évaluer l’impact social d’une ferme urbaine ? Le cas de la ferme Capri, questions et propositions.

En 2021, je suis entrée comme volontaire à la Cité de l’agriculture pour un service civique de 7 mois qui m’a permis d’explorer un riche panel de missions. La mise en place des 48h de l’agriculture urbaine, la mise à jour de l’annuaire en ligne, l’organisation du voyage d’équipe… mais également, une enquête de terrain sur l’impact social de la ferme Capri, qui a donné naissance à un mémoire dans le cadre de mon Master en management de projets humanitaires à l’université Aix-Marseille. Pour que vous puissiez mieux saisir l’importance d’évaluer l’impact d’un projet aussi ambitieux que celui de Capri, j’ai souhaité en partager avec vous un extrait.

Pourquoi étudier l’impact d’un projet tel que Capri ?

La Cité de l’agriculture, qui a vocation à faire de l’agriculture urbaine un modèle de société durable et reproductible, mène de plusieurs études d’impacts à partir de ses actions de terrain. Afin de pérenniser la majorité de ses projets, elle produit des connaissances basées sur ses diverses prises de recul et expériences, des connaissances qui sont ensuite partagées à l’ensemble du réseau de l’agriculture urbaine mais aussi au grand public.

La ferme Capri est un terrain fertile à tous les niveaux : légumes, fleurs, herbes aromatiques, idées et connaissances sortent de terre pour en faire un lieu d’approvisionnement mais aussi de convivialité. Terrain d’expérimentation, son modèle vise à être reproductible et donc, à être étudié pour que les prises de recul soient toujours plus fertiles. 

La création de lien social étant un de ses objectifs principaux, les premiers mois d’ouverture au public ont naturellement été des mois où l’étude de ce dernier a été essentielle, dans un but de compréhension toujours plus fine de ses besoins.

Quelles informations récolter ?

D’où proviennent les visiteurs ? A quelle tranche d’âge appartiennent-ils ? Qu’est ce qui les motive à venir sur le terrain ? Comment en ont-ils pris connaissance ? Un ensemble de questions qui permettent de comprendre les caractéristiques du public et ainsi, d’évaluer sa demande. Si ces informations sont essentielles dans la prise en compte des besoins du public, elles peuvent avoir un caractère intrusif, lorsque récoltées directement au moyen de questionnaires. 

Ainsi, après deux mois de récolte de données permettant d’établir une typologie du public, il est apparu nécessaire d’adapter cette méthode d’évaluation, afin d’inclure davantage les répondant.e.s dans la mise en place de l’étude.

Des recherches sur des moyens participatifs d’étude de l’impact social ont donc conduit à deux nouveaux types de protocoles : 

  • évaluation de la provenance du public : à l’aide d’un tableau en liège et de punaises, demander au public d’indiquer leur provenance de manière anonyme, selon quatre catégories géographiques (vous venez plutôt… du quartier, du 15e ou 14e arrondissement, de la ville ou de plus loin?)
  • évaluation de l’effet de la ferme sur le public :  lors de sa venue à la ferme, le public était invité à glisser des papiers dans une “boite à idée participative” sur lesquels ils peuvent indiquer de manière anonyme leur humeur en arrivant, leur humeur en repartant, la motivation de leur visite et des suggestions pour le développement du projet

Par ces nouveaux moyens, les visiteurs apportent alors des informations essentielles à l’adaptation du projet de manière anonyme et ludique. Si le nombre de réponses récoltées reste encore trop faible pour établir de réelles conclusions sur l’impact social de la ferme sur le public, elles permettent d’en déceler davantage les besoins, il apparaît donc essentiel de poursuivre cette étude et d’en développer de nouveaux axes.

Quelles perspectives à cette étude d’impact ?

Afin d’aller plus loin dans l’évaluation participative de l’impact de Capri sur son public, il pourrait être intéressant d’inclure directement cette étude aux à l’offre pédagogique proposée à la ferme. Par exemple, dans le cadre d’ateliers proposés régulièrement aux mêmes publics, il serait intéressant de demander aux participant.e.s ce qu’ils ont appris, quel est leur ressenti à la fin de l’atelier, pour ainsi voir l’évolution des réponses partagées au fil des mois. 

Un autre moyen qui permettrait de développer davantage l’opportunité pour les visiteur.se.s de découvrir de nouvelles pratiques, pourrait résider dans la mise en place de temps “échange de compétences”, durant lesquels chaque participant.e partagerait une compétence qu’il a déjà (exemple : faire de la cueillette) et une compétence qu’il aimerait développer (exemple : désherber). Cela pourrait être un moyen de générer une certaine mixité entre les participant.e.s, de créer du lien entre elles et eux autour des pratiques de la ferme mais également de permettre à la Cité de l’agriculture de déceler d’autant plus les attentes de ces derniers.

Célia Zunino

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