Il règne depuis quelques semaines à Marseille, comme ailleurs, un climat étrange. Une crise de plus, sanitaire cette fois-ci, vient s’ajouter à la liste déjà longue des symptômes d’une société mal portante. Le constat est là depuis longtemps, la prise de conscience semble s’accélérer et les premières solutions se pérenniser.
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En cette période trouble, les écrits et positionnements des uns et des autres vont bon train. C’est à qui pensera le mieux l’après-crise. Qui aura la meilleure solution ? Qui sera le plus devin d’entre nous ?
Il n’y a qu’à voir le nombre de tribunes quotidiennes publiées dans la presse ou sur les réseaux sociaux.
La tendance est de tirer un peu plus la couverture à soi et de donner son avis sur l’après, alors que nous sommes en plein pendant et que la visibilité sur les semaines à venir reste particulièrement floue.
Il y aura certainement un après.
Encore faut-il prendre le temps d’analyser, de réfléchir ensemble et de prendre du recul sur ce qu’il se passe actuellement.
Cette injonction à se positionner nous déconcerte, nous, Cité de l’agriculture.
Finalement, cette crise est le révélateur d’un dysfonctionnement que nous pointons depuis plusieurs années maintenant, et que bien d’autres ont décrié avant nous. Les scientifiques le diront, mais le lien entre le système agricole et alimentaire global et le développement de cet être “non humain” qu’est le virus, semble se vérifier. Alors qu’une grande partie du commerce mondial est bloquée, la résurgence “naturelle” de systèmes alimentaires territoriaux revient au galop, presque aussi vite que les discours hygiénistes sur la place de la nature en ville.
Notre discours doit-il en être bouleversé ? Notre vision modifiée ? Nos activités changées ?
Non, nous ne le croyons pas. Notre action prend simplement encore plus de sens aujourd’hui et fait la preuve, une fois de plus, de sa nécessité. Nous ne pouvons que nous réjouir des projets que nous menons et de leur reprise prochaine. Face à la débandade d’un système agricole industriel fragilisé et à l’urgence alimentaire actuelle dans les déserts alimentaires marseillais, l’agroécologie, les circuits-courts et l’agriculture urbaine démontrent encore leur capacité de résilience et de résistance. En voilà pour preuve, le nombre d’initiatives amies mobilisées dans cette période de crise : restaurateurs et restauratrices mettant à disposition leur local pour cuisiner ou accueillir des maraîcher.e.s, acteurs et actrices de la logistique et de la distribution durable mobilisés, épiceries paysannes sur-sollicitées, agricult.rice.eur.s urbain.e.s motivé.e.s, pépiniéristes affairé.e.s, collectifs citoyens dévoués… C’est beau, cette solidarité, cette inventivité et cette réactivité dans la difficulté !
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Ce qu’il faut donc espérer, c’est l’accélération de la transition écologique sur notre territoire, comme ailleurs. Il faut pourtant garder l’humilité (d’ailleurs qui ne pourrait être humble face à un micro-organisme capable d’arrêter le fonctionnement du monde d’un postillon à l’autre ?). Continuons à travailler, à coopérer, à avancer, à expérimenter et à essaimer, plus motivé.e.s et rassemblé.e.s que jamais !
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Ces quelques mots se perdront peut-être dans la masse de textes produits. Ce n’est pas très grave, ils resteront ici et nous les relirons une fois le recul nécessaire pris, quand viendra le temps de nos retrouvailles.
En attendant, prenez soin de vous !
* Crédit photo : Clotilde Penet pendant l’édition 2019 des 48h de l’agriculture urbaine *